Randonnée entre l’Anse Mitan et l’Anse Bellay : un voyage entre nature et mémoire

Une immersion dans le littoral caraïbe

La randonnée entre l’Anse Mitan et l’Anse Bellay représente l’une des plus belles échappées du littoral martiniquais. Ce sentier côtier, d’une distance d’environ 7 kilomètres aller-retour, serpente le long de la presqu’île des Trois-Îlets et offre une expérience accessible à toute la famille avec un niveau de difficulté facile. Le dénivelé positif de 200 mètres se répartit agréablement sur l’ensemble du parcours (même si la colline après l’Anse à l’âne est un beau morceau), permettant une marche d’environ deux heures dans chaque sens.

Niveau

🏋🏽 Niveau 1 : facile accessible à toute la famille (suivant conditions physiques).

Intérets

Cette randonnée permet de découvrir des plages qui ne sont accessibles qu’à pied comme l’anse Mathurin et son sable blanc, mais aussi l’Anse Bellay et son site mémoriel et archéologique. Bien sûr il y a les nombreux et différents panoramas plus magnifiques les uns comme les autres, notamment sur l’Anse à l’Ane et l’ilet Ramier.

Type de circuit : Il s’gait d’un Aller-Retour

Distance : 🏃🏾‍♂️: 7 km

Durée : ⏰ 3h00 à 4h00

Dénivelé : 📈 Positif : 200 m – 📉 Négatif : non calculé

Accès – Point de départ

Le départ s’effectue depuis la rue des Anthuriums aux Trois-Îlets, face à la petite plage « cachée » de l’autre côté du ponton de la plage de l’Anse Mitan. On se dirige ensuite vers l’hôtel Impératrice Village, où se situe le départ du sentier forestier. Le sentier n’est pas balisé au début, ce qui lui confère un caractère sauvage et préservé. Le chemin commence par une montée en terre battue à travers la végétation, avant de déboucher sur un sentier forestier plus ombragé.

Description de la randonnée

Le début commence par un chemin en terre qui monte, peu pratiqué car il n’est pas balisé.

Ensuite il faut prendre la première sur la droite. Il s’agit d’un sentier en pleine forêt.

Après avoir longé le premier tronçon, les randonneurs découvrent une vue panoramique sur la plage de l’Anse à l’Âne.

Il faut alors descendre vers cette plage emblématique, la longer entièrement, puis sortir du côté droit du parking. À cet endroit, le sentier reprend en montant la rue du Dauphin, offrant de magnifiques points de vue sur la baie et l’arrière-pays.

Le parcours se poursuit ensuite par un sentier balisé très agréable qui traverse la forêt tropicale.

Cette section conduit d’abord à l’Anse Mathurin, une petite crique de sable blanc calme et peu fréquentée.

Après avoir longé cette plage intimiste, le sentier continue vers l’Anse Bellay en suivant le balisage jaune.

Tout au long de ce cheminement, les randonneurs profitent de vues spectaculaires sur l’îlet Ramier qui se dresse majestueusement à quelques centaines de mètres de la côte.

L’Anse Bellay : un haut lieu de mémoire historique

L’arrivée à l’Anse Bellay marque le point culminant de cette randonnée, non seulement pour sa beauté naturelle mais surtout pour son importance historique exceptionnelle. Ce site archéologique majeur a été révélé de manière fortuite en 2007, lorsque le cyclone Dean a provoqué une forte érosion marine mettant au jour des ossements humains et des fragments de céramique amérindienne.

Suite à cette découverte, le Conservatoire du littoral, propriétaire du terrain, a autorisé le Service régional de l’archéologie (SRA) de la Direction des Affaires Culturelles (DAC) à procéder à des fouilles archéologiques d’urgence. Entre 2013 et 2019, plusieurs campagnes de fouilles ont été menées par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), sous la direction de l’archéologue Thomas Romon.

Ces fouilles ont révélé une richesse archéologique considérable : une soixantaine de sépultures ont été mises au jour sur une superficie de 20 mètres carrés environ. Le site présente la particularité exceptionnelle de renfermer des vestiges de trois périodes distinctes de l’histoire martiniquaise.

Les occupations précolombiennes

Les fouilles ont révélé deux périodes d’occupations amérindiennes sur le site de l’Anse Bellay. La première occupation, datant du Ve siècle après Jésus-Christ, est attribuée à la culture Saladoïde. Ces populations, appelées communément Arawaks, sont originaires du bassin amazonien et ont migré le long de l’Orénoque jusqu’aux Petites Antilles entre le IVe et le IIIe siècle avant notre ère.

La seconde occupation amérindienne, datant du XIIe siècle (période néo-indienne récente), appartient à la culture Troumassoïde, associée aux Kalinagos. Après un épisode de tempêtes ayant interrompu l’occupation précédente, les Amérindiens se sont réinstallés à l’Anse Bellay autour de 800 ans après Jésus-Christ. Cette période a livré énormément de mobilier archéologique, dont des outils en pierre et en coquillage, ainsi que des poteries. Un pied de platine en poterie, particulièrement remarquable, a été attribué au néo-indien récent des XIe-XIVe siècles.

Le cimetière d’esclaves de l’époque coloniale

La découverte la plus émouvante et historiquement significative de l’Anse Bellay reste incontestablement le cimetière d’esclaves datant du XVIIIe siècle. Les fouilles ont révélé environ 35 sépultures d’époque coloniale sur les 20 mètres carrés étudiés.

Les caractéristiques de ces inhumations ne laissent aucun doute sur le statut des personnes inhumées : il s’agit d’inhumations simples, les individus étant placés sur le dos, enroulés dans un simple linceul et enterrés sans cercueil, sans mobilier ni objets personnels. La plupart des ossements sont en assez bon état de conservation, permettant des analyses anthropologiques et bioarchéologiques approfondies.

La localisation de ce cimetière paraît surprenante au premier abord, puisqu’elle est éloignée des paroisses environnantes et des lieux de culte de l’époque avec leurs cimetières associés. Toutefois, cette implantation s’explique par le fait que l’Anse Bellay présentait peu d’intérêt pour la plantation coloniale, justifiant ainsi son utilisation comme site funéraire pour les esclaves.

En mars 2023, un moment historique majeur s’est produit à l’Anse Bellay. Les ossements découverts lors des fouilles ont été réinhumés dignement dans un monument mémoriel appelé « woch listwa » (une roche de l’histoire), œuvre réalisée par l’artiste Isambert Duriveau.

Ce monument fait désormais de l’Anse Bellay un haut lieu de mémoire et d’histoire de la Martinique. Il représente un espace de recueillement et de réflexion sur le passé esclavagiste de l’île, permettant de rendre hommage à ces hommes et femmes dont l’identité avait été niée mais qui, par cette réinhumation, retrouvent une dignité posthume.

L’îlet Ramier : sentinelle de la baie de Fort-de-France

En continuant, le long de l’Anse Bellay, nous sommes tombés sur une petite plage de galet avec une vue imprenable sur l’îlet Ramier (ou îlet à Ramiers). L’îlet est un rocher volcanique qui se dresse majestueusement à environ 300 mètres de la côte. Cette vision panoramique constitue l’un des points forts de la randonnée, offrant une perspective exceptionnelle sur ce site chargé d’histoire.

Son nom provient du pigeon ramier (Columba squamosa), espèce d’oiseau locale qui fréquentait autrefois l’îlet en grand nombre. Les Anglais, lors de leurs campagnes en mer des Caraïbes, le surnommaient d’ailleurs « Pigeon Island » en référence à cet oiseau

La biodiversité protégée

L’îlet Ramier bénéficie depuis 2010 d’une protection du Conservatoire du littoral. Il abrite notamment une colonie d’iguanes des Petites Antilles (Iguana delicatissima), espèce endémique en danger critique d’extinction. Ces iguanes ont été relocalisés sur l’îlet pour les protéger de la menace que représente l’iguane commun (Iguana iguana), espèce introduite avec laquelle l’iguane péyi peut s’hybrider, entraînant la disparition génétique de l’espèce endémique.

Le système défensif de la baie

L’îlet à Ramiers constituait la première ligne de défense de la baie, positionnement qui en faisait un point stratégique absolument crucial pour la défense de la Martinique. Sa position à l’entrée de la baie de Fort-de-France permettait de « verrouiller » l’accès en complément de la batterie de la Pointe du Bout et du fort Saint-Louis

Nous avons fait une petite pause bien méritée sur cette petite plage de galet de l’Anse Bellay avec vue incroyable sur l’îlet Ramier avant de retourner en sens inverse pour arriver à notre point de départ.

Conseils pratiques pour réussir votre randonnée

Quand partir ?

La randonnée peut s’effectuer toute l’année, mais la période de décembre à mai (saison sèche) offre les meilleures conditions. Les températures sont plus clémentes et les risques de pluie moindres. Privilégiez un départ tôt le matin pour éviter la chaleur de la mi-journée et profiter de la meilleure lumière pour les photographies.

Équipement recommandé

  • Chaussures de randonnée avec bonne adhérence (le sentier peut être glissant par endroits)
  • Eau en quantité suffisante (au moins 1,5 litre par personne)
  • Protection solaire (crème, chapeau, lunettes)
  • Maillot de bain (pour profiter des plages)
  • Appareil photo pour immortaliser les paysages et la faune

Sécurité et respect de l’environnement

  • Ne touchez jamais les mancenilliers (arbres marqués d’un trait ou d’une croix rouge)
  • Restez sur le sentier balisé pour préserver la végétation
  • Ne dérangez pas la faune, observez à distance
  • Emportez vos déchets
  • Respectez le caractère sacré du site mémoriel de l’Anse Bellay
  • Ne tentez pas d’accéder à l’îlet Ramier (interdit et protégé)

Si c’était trop court…

Il est possible de continuer le sentier de randonnée jusqu’à l’Anse Noir, en passant par un Four à chaux et Gallochat de la commune des Anses d’Arlet. Dans ce cas, je pense qu’il est préférable de laisser une voiture à l’arrivée afin d’éviter de faire le retour. Pour les courageux et curieux c’est ici : Randonnée entre mer et forêt de l’Anse à l’Ane et l’Anse Noire

J’ai hâte de pouvoir retourner dans ce petit coin paisible, entre commémoration et beauté paradisiaque, idéale pour se ressourcer!

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